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(Fly Away)
30 décembre 2005

Horizons infinis

tournesols

     Le vrombissement de l'avion couvre tous les autres bruits. Mille mètres plus bas, la plaine. Immense, à perte de vue. Seul l'horizon, avec sa légère courbure, semble en mesure de la contenir. Les formes rassurantes des champs cultivés allègent le vertige. Le réseau des canaux et des routes s'entrecroisant et se chevauchant, dessinant sur le sol de mystérieuses nervures. Au milieu, comme les pièces d'un puzzle, quelques parcelles jouent avec les couleurs : ocre pour les terrains attendant les semis, marron foncé pour ceux fraîchement labourés, vert et jeune pour la jachère. Dans le lointain, les reflets du Soleil sur un cours d'eau. La plaine est peut-être née du labeur millénaire de ce fleuve qui a charrié vers la vallée et disséminé des tonnes et des tonnes de sédiments. Les plaines étendues sont les lieux où la vie de l'homme a trouvé les meilleures conditions de développement. Si le climat est propice, leurs eaux sont plus riches et plus poissonneuses ; on y trouve beaucoup de gibier et d'animaux d'élevage ; les communications y sont aisées, et les produits de l'agriculture comme les marchandises circulent plus facilement. Si la montagne représente la spiritualité et la mer l'audace, les plaines sont la raison, la ligne droite, la géométrie. L'art lui-même a trouvé de géniales inspirations dans l'alternance harmonieuse de couleurs et de formes, de champs cultivés et de jachères dans les espaces libres à perte de vue.

nuages_et_vall_es

Et l'on peut aimer tout autant les chefs-d'oeuvre de l'architecture religieuse et civile, les aqueducs romains, les cathédrales gothiques et les gratte-ciel les plus hardis, les tableaux oniriques de Van Gogh que les panoramas agricoles de la plaine du Pô. Quand les conditions climatiques et l'altitude sont moins clémentes, la plaine demande un long travail de recherche et d'adaptation pour y survivre. La steppe aux multiples noms - Pampa sud-américaine, garrigue méditerranéenne, steppe euro-asiatique, veld sud-africain, puszta hongroise - est un territoire aride et pierreux, parsemé de buissons et d'arbustes nains. Les rares pistes y sont interrompues par les eaux limoneuses d'un gué ou d'une étendue infranchissable de marécages qui débouchent dans de vastes prairies où l'on peut voyager pendant des jours sans rencontrer âme qui vive. Ou bien c'est une monotone toundra de mousses et de lichens, dont le sous-sol est gelé toute l'année, et aux étendues sans fin, blanches de neige. Des lieux où l'air paraît raréfié et où le sifflement du vent est le compagnon habituel du voyage. Des terres apparemment inhospitalières, mais qui possèdent l'un des charmes les plus subtils que l'homme puisse ressentir : être au-delà de la frontière, au-delà de la plage la plus éloignée, de la mer ultime...

mangroves

© Alberto Bertolazzi

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