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(Fly Away)
27 décembre 2005

Royaume de Glace

iceberg

     Parmi les tours de cristal, le long des couloirs venteux du royaume des glaces, les règles de la vie perdent leur valeur : ne demeurent plus alors que les dimensions du réel et de l'imaginaire, où se confondent le vrai et le faux, la veille et le songe. Deux dimensions pour situer l'immense étendue blanche, éblouissante sous le Soleil, laiteuse sous les nuages, ouatée et indéchiffrable à travers les épais brouillards glacés. La troisième dimension est un don que les sens perdent à cette latitude : ici, où n'existent pas de végétaux et où les étendues solides sont éternellement recouvertes d'un manteau neigeux, la cécité blanche provoquée par l'absence de point de repère annule la perception de la distance, plongeant l'homme dans une sorte de vertige. Les mirages abolissent les distances, mettant à portée des regards des objets en réalité très lointains ; une île, une chaîne de montagnes, un navire, la mer, un village...

antarctique

La dimension temporelle se dissout dans les étés et les hivers polaires, quand le Soleil ne descend pas au-delà de l'horizon, même à minuit, et que le jour paraît baigné d'une lumière perpétuelle. On atteint au domaine du rêve, lorsque surgissent les visions les plus magiques que les pôles créent pour leurs hôtes émerveillés : les halos solaires, les parélies, les parasélènes, c'est-à-dire la présence magique simultanée de deux, trois, quatre Soleils et Lunes, leurres d'une divinité qui semble se divertir en se jouant des pitoyables humains. Et les aurores, qui se manifestent symétriquement dans les deux hémisphères, dessinant un pâle rideau de lignes fluctuantes, aux délicates couleurs de vert, de rose, de rouge, et qui occupe une grande partie du ciel. Quiconque a la chance d'assister à ce féerique ballet peut croire que ce rideau de lumière blanche touche l'horizon et provient de quelque monde inaccessible et inconnu...

perito_moreno

© Alberto Bertolazzi

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